C’est une action qui allie terrorisme et action militaire, un mode opératoire qui porte la signature de la Brigade Al Qods qui est le bras armé de la République islamique d’Iran. C’est elle qui apporte soutien logistique et qui a planifié l’attaque inédite sur le sol israélien. Elle chapeaute le Hezbollah, mais aussi le Hamas. La vengeance du Hamas est aussi motivée par une humiliation que lui a infligé Israël en mai 2023
La menace est venue de la bande de Gaza par le Hamas et de manière moindre au nord d’Israël par le Hezbollah, qui pour l’heure se contente de lancer des roquettes.
Le Hezbollah né dans le début des années 1980 pour lutter contre la présence israélienne et contre la présence occidentale, est une création de la République islamique d’Iran pour assurer à cette dernière une présence sur les rivages de la Méditerranée. Sous les ordres des Gardiens de la révolution, il a créé au fil des décennies une force politique et militaire, un État dans l’État libanais . Une véritable mafia qui joue un rôle politico-religieux, qui se caractérise pas sa capacité à s’autofinancer par le trafic de cocaïne et d’armes. Une trajectoire similaire du Hamas présent dans la bande de Gaza. Les deux ont un ennemi commun : Israël qui à leurs yeux est une entrave à l’hégémonie iranienne dans la région et représente un état-nation juif et une démocratie, vitrine de l’Occident au Moyen-Orient. Le Hamas n’a qu’un souhait : éradiquer cette présence, mais aussi faire de cette partie du monde, le Dar al-Islam et certainement pas un État, même si celui-ci est palestinien. Le mouvement se décline en une entité politique et militaire. Les Frères musulmans sont à l’origine de ce mouvement né en 1987 qui n’a qu’un objectif qui est de rétablir l’islam comme la seule religion du Moyen-Orient.
Al Qods, le chaînon manquant derrière l’action contre Israël
S’il s’agit bien de deux mouvements terroristes, l’un est chiite, l’autre sunnite. Néanmoins, les deux semblent dans cette guerre qui s’annonce au Moyen-Orient comme longue et meurtrière, avoir fait cause commune. Le lien étant le jihad islamique, qui lui est d’obédience chiite, donc, ouvertement pro-iranien.
Le Hezbollah est présenté comme un proxy de Téhéran, il faut entendre pas là, une création iranienne, qui reçoit ses ordres politiques du guide suprême par l’intermédiaire de la Brigade Al Qods, branche armée du jihad islamique.
En février 1979, quelques jours seulement après avoir pris avec autorité les rênes du pays, l’ancien exilé de Neauphle-le-Château, jetait les premières bases de son ambitieux projet. Parallèlement, un noyau dur, chargé d'assurer la protection du nouveau régime, voyait le jour : l’embryon des futurs Pasdaran, le Corps des gardiens de la révolution.
Un corps destiné, selon les termes gravés dans le marbre de la Constitution, à "répandre la jurisprudence de la loi de Dieu partout dans le monde", la doctrine de la velayat al-faqīh qui dès lors prit des accents révolutionnaires et qui allait orienter la politique iranienne des premières années de la République islamique vers des actions visant à répandre la doctrine chiite à travers le monde.
L’idée était de faire du khomeynisme un exemple, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières. « Mais, dès le début, il existe un fossé relativement profond entre la gnose théocratique de ces derniers et le nationalisme pragmatique des Pasdaran, plus soucieux de préserver et de promouvoir la raison d’État que les projets millénaristes de l’élite cléricale.
De sorte, qu’à défaut de s’opposer à la vision dogmatique des mollahs, les Pasdaran se sont rapidement donné une doctrine originale mêlant un attachement que l’on pourrait qualifier d’opportuniste aux valeurs du régime islamique et une conception éminemment pragmatique de sa puissance militaire. Selon cette conception, la guerre irrégulière s’impose très rapidement à leurs yeux comme le meilleur véhicule et le meilleur moyen de défendre les intérêts nationaux. ». De leur côté, les pasdarans, passés du statut de milice populaire à celui de véritable armée en 1985, avaient vocation à servir l’idéologie de la République islamique. Dépendant directement du guide de la révolution et dirigé depuis avril 2019 par Hossein Salami, leur corps a eu très tôt accès aux meilleures recrues et a adopté jusqu’à l’extrême la théorie de la guerre asymétrique permanente.
Le fer de lance de la politique étrangère iranienne est Al Qods, centrale à la fois idéologique, puisque c’est à elle que revenait la mission d’exporter la révolution islamique, mais aussi chargée de mener la politique étrangère iranienne sur les fronts extérieurs et logistiques, puisqu’elle alimente financièrement et entraîne les groupes de la mouvance chiite.
Cette garde prétorienne de la République islamique d’Iran collecte du renseignement, choisit la déstabilisation de gouvernements considérés comme hostiles, la formation et le financement de mouvements islamiques révolutionnaires étrangers : la garde prétorienne du pouvoir s'active simultanément sur plusieurs fronts, grâce à un vaste réseau d’agents opérationnels recrutés parmi les soldats les plus émérites et les commandos d’élite.
C’est aussi elle qui finance les mouvements chiite Hezbe Wahdat d'Abdul Ali Mazârî, le Hezbollah et n’en doutons pas un instant le Hamas. Néanmoins, sa stratégie n’est parfois pas des plus limpides, car Al Qods a été soupçonnée d'avoir aidé les combattants talibans contre le gouvernement d'Hamid Karzai, soutenu par l'ONU et les États-Unis. Lors de la guerre de Bosnie, la Force Al Qods a soutenu les musulmans dans leur lutte contre les Serbes.
Al Qods, cette entité forte de 150 000 hommes, a une réelle capacité de projection sur des théâtres d’opérations extérieurs, comme la Syrie, au côté du régime de M. Bachar Al Assad , ou encore au Liban, en soutien au Hezbollah, ou l’Irak, auprès des milices chiites où les « experts » du Hezbollah auraient été envoyés en Irak pour former les miliciens du chef chiite radical Moqtada al Sadr.
À l’inverse, l’armée régulière n’a pas de moyens logistiques suffisants pour tenir en dehors des frontières. En cas de contre-offensive ennemie, sa composante aérienne ne peut protéger ses troupes ni avoir la maîtrise du ciel. Néanmoins, ses effectifs de 350 000 hommes, dont 200 000 appelés du contingent qui accomplissent un service militaire obligatoire de dix-huit à vingt-quatre mois, lui donnent une solide assise territoriale. C’est dans ce contexte militant et du traumatisme subi par l’Iran après la guerre contre l’Irak que la force Al Qods a vu le jour 1980-1988.
À l’origine, il était dirigé par le général Ahmad Vahidi, lui aussi sorti des rangs des Pasdarans, dont il était l’un des responsables du renseignement. Ses faits d’armes ont eu lieu principalement au Liban où il a pris part à l’attentat commis par le Hezbollah sur les Marines américains et de l’attentat contre l’ambassade israélienne à Buenos Aires. Son nom témoigne de la volonté de l’Iran de s’impliquer dans toutes les causes du Moyen-Orient. Il s’inscrit dans cette perspective et le choix délibéré de prendre le nom d’Al Qods en arabe, désigne Jérusalem, donne déjà une orientation des missions de la brigade, dont le nom délivre un message politique, y compris au monde arabe sunnite.
On connaît le célèbre adage : « Les ennemis de mes ennemis sont mes amis », dans le cas de l’alliance entre le Hezbollah chiite proche de l’Iran et le Hamas sunnite, cela se vérifie.
Le chaînon manquant et le lien entre ces deux groupes terroristes, n’est autre que la Brigade Al Qods, présente au Sud Liban, mais aussi à Gaza.
C’est elle qui a monté l’opération militaire contre Israël, qui a fourni l’appui logistique au Hamas.
Un déferlement de haine et de violence, laver l’affront d’Al Qods
Derrière cette guerre menée sur le territoire israélien, se profile l’ombre de Téhéran, auquel on prête la volonté de faire échec à la normalisation des relations entre Israël et les pays arabes, avec les Accords d’Abraham et les liens récents avec le Maroc. Ces alliances sont mal perçues par Téhéran qui est de plus en plus isolé. Par conséquent, Israël pouvait s’attendre à une riposte.
Un autre élément, et non des moindres, explique cette guerre, c’est la fin de la guerre en Syrie où ces groupes se sont « illustrés sur le terrain militaire ». Il ne faut sans doute pas oublier que la raison de ces groupes est de détruire Israël. L’action terroriste a donc été un moyen de refaire l’Union sacrée et de garder aux yeux de la rue arabe un certain panache.
Et ce d’autant plus qu’en mai 2023, Les Brigades al-Qods ont reçu un coup très dur de la part d’Israël, car 11 de leurs dirigeants et membres, dans la Bande de Gaza ont été tués lors de la récente escalade militaire menée par Israël.
Les Brigades al-Qods avaient confirmé, dans un communiqué, l’assassinat de 11 de leurs commandants et membres, lors de la récente escalade militaire dans la Bande de Gaza.
La Brigade a subi la perte de 6 de ses commandants militaires supérieurs, parmi lesquels figurent commandant de terrain et un responsable de l'unité des opérations, ainsi que 4 membres de l'unité de missiles et de l'appareil de sécurité des Brigades al-Qods. Tous figuraient parmi les victimes. Il fallait par conséquent laver cet affront préjudiciable à l’image d’Al Qods.
Lea Raso Della Volta
Al Qods derriere le Hamas
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