C’est une mélodie, un scat, Dabadabada qui ont fait le tour du monde, une musique qui a contribué au succès planétaire d’un homme une femme. Il a définitivement scellé le lien entre les films de Claude Lelouch et la musique, qui occupe une place centrale dans les films du réalisateur. À l’instar de son dernier film : « Finalement » qui sortira au début de l’année 2024 et qui sera présenté au Festival de Cannes.
Quelques notes de musique et un succès planétaire ont suffi à lancer une collaboration qui s’est achevée à la disparition de Francis Lai. Tout commence en 1965, le compositeur Pierre Barouh présente à Claude Lelouch un jeune accordéoniste originaire de Nice, fabuleux mélodiste. Le réalisateur est alors à la recherche de celui qui saura mettre en notes, ce que lui traduit par des mots : l’amour.
« Francis est arrivé dans la mansarde qui me servait de bureau, pendant trois heures, il a interprété ses compositions. Je lui avais demandé de composer une musique pour un homme et une femme. Rien ne semblait a priori coller avec l’ambiance du film. Tout à coup, timidement, il m’a dit qu’il avait composé un air, mais qu’il hésitait à me l’interpréter, car il le jugeait trop simple. J’ai été conquis par la simplicité de cette mélodie. »
La suite s’écrit sur du papier à musique, les deux hommes ne cesseront de travailler ensemble, Pierre Barouh et Nicole Croisille interpréteront la musique qui contribuera au succès du film.
La musique et l’amour : deux muses
Claude Lelouch entretient un lien très fort avec la musique : « Lorsque je présente le scenario aux acteurs, je leur fais écouter la musique, pour qu’ils s’imprègnent de l’ambiance ». Mais dans chaque film, la musique contribue à donner une intensité à des scènes devenues cultes. On pense au Boléro de Ravel dans les « Uns et les autres », dansée par Jorge Donn : « Il a fait une chose extraordinaire, il l’a dansé cette scène quatre fois, Maurice Béjart était abasourdi. À la troisième prise, il m’a dit, ça va être difficile, mais à la quatrième, il était complètement ébahi. J’ai remercié Jorge Donn, pour son exploit, et il m’a avoué que si je le souhaitais, il pouvait danser une cinquième fois. »
Dans son dernier film « Finalement », la musique joue un rôle important, avec la chanteuse Barbara Pravi, qui incarne la fille de Kad Merad. « J’ai choisi Finalement, car nous sommes à la croisée des chemins, soit nous choisissons de détruire ce qui nous lie à la Nature, soit, nous choisissons la voie de la sagesse et de l’amour et nous continuons ».
Euterpe et Agapi, les deux muses qui sont à la source de son inspiration, « l’amour donne tout son sens à la vie ».
Le ciné spectacle symphonique ou comment remonter le temps
Il a l’une des carrières les plus longues du 7ème art. Soixante décennies que ses films accompagnent les moments heureux et moins heureux de nos vies.
« Le ciné spectacle symphonique, revivait les mots forts de mes films, avec des musiques inoubliables qui ont traversé les époques. Le premier concert s’est déroulé au Palais des Congrès et portait le titre de « Lelouch, d’un film à l’autre ». Ce n’était alors qu’un ciné-concert qui, un an plus tard, s’est mué en ciné spectacle symphonique.
« Quand le spectacle s’est achevé, le public ne partait pas et applaudissait à tout rompre ». Claude Lelouch comprend alors qu’il vient de toucher la corde sensible du public et que ses films où l’amour et la musique sont présents et viennent d’enflammer le cœur du public en quête de rêve, de renouer avec le temps passé et sans doute perdu.
« J’ai compris que nous allions renouveler l’expérience et le prochain Ciné spectacle symphonique aura lieu à la Salle Pleyel à Paris, le 15 novembre 2023. » Mais d’ores et déjà, il se poursuivra jusqu’à 2024.
Quant à Claude Lelouch, il a soufflé le 30 octobre dernier, ses 86 bougies. Alors Finalement marquera-t-il un point final à sa longue carrière ? Rien n’est moins sûr.
Lea Raso Della Volta
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