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Henri Dauman : Photographe et témoin de notre temps


Henri Dauman

 Le Musée de la Photographie de Nice présente jusqu’au 26 mai 2024, le Musée  "The Manhattan Darkroom", la rétrospective du travail inédit du photographe français Henri Dauman.

 

 


 C’est une exposition qui a vu le jour en 2014 au Palais d'Iéna à Paris, avant de rejoindre le Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône pour être finalement à Nice qui accueille cette exposition qui met à l’honneur le travail de ce photographe qui nous a quittés le 13 septembre 2023.

Ce sont quelque 170 photographies qui emmènent le public dans un voyage à travers l'histoire récente des États-Unis,  la deuxième patrie d’ Henri Dauman.

 

Capter le pouls d’une époque

 

Des premières expositions d’Andy Warhol à l’émergence du Minimal Art, Henri Dauman est séduit par cette scène artistique dynamique et conquérante de l’Amérique des années 1950, ce monde de « toutes les couleurs » comme le qualifiait le poète persan Omar Kayyam. Les arts sont florissants quand l’avant- garde a pour noms Merce Cunningham, Philip Glass ou Walter Carlos.

New York, ce creuset de toutes les transformations ne pouvait que fasciner Henri Dauman. Quand en 1950, jeune orphelin qui a perdu son père à Auschwitz et sa mère en 1946, il décide de rejoindre son oncle aux États- Unis. Son compagnon de voyage sera son appareil photo qui l’accompagnera tout au long de son existence.

L’œuvre photographique d’Henri Dauman apporte un nouveau regard sur l’Amérique. C’est un moment clé, celui du renouvellement des générations quand les États- Unis renouvellent

leurs idées, sous l’impulsion d’une immigration européenne qui a souvent fui le nazisme. Elle offre le visage contrasté du doute, de la lutte et de l’espoir. Cette vision est celle d’un homme qui, grâce à son parcours atypique et à la justesse de son regard, sera en première loge pour raconter cette histoire et livrer des images inédites.

 

 

Dans les années 1960, tout s’accélère,  les femmes, les afro-américains et les minorités manifestent. Henri Dauman dans le magazine Life, mais surtout dans le New York Times, avec ses photographies, relate fidèlement et avec originalité cette mutation. Tandis que dans le secret de son « Darkroom », sa chambre noire, il assiste à la naissance de cette Amérique moderne qui devient le navire amiral du monde occidental du 20e siècle.

C’est dans ce bouillonnement à la fois culturel et évènementiel que se développe sa carrière de photographe. Tout d’abord correspondant pour la presse française et internationale (France-Amérique, Epoca ou Paris Match), il rejoint assez rapidement les magazines américains alors prospères. Il conserve néanmoins un statut d’indépendant, ce qui l’autorise à travailler pour le supplément culturel du New York Times.

 

L’art de la narration

 

Henri Dauman ne manque pas de qualités. On apprécie son bilinguisme, sa disposition et on lui trouve un style propre. Cadrages subtils et efficaces relations proches avec le sujet, son sens de la narration sont appréciés des rédacteurs en chef qui vont bientôt lui confier couvertures et reportages couleur.

La presse apprécie particulièrement ses portraits. Muni d’appareils chargés en couleur et en noir et blanc, il joue des deux supports pour évoquer avec justesse, ce qu’il pense être la nature véritable du personnage. Il se plaît à dresser des biographies et à cerner la figure de son sujet. Toujours au plus près, il espère gratifier le lecteur d’une image qui ne soit pas qu’une simple illustration.

La priorité avec Henri Dauman, c’est de raconter des histoires. L’homme avoue sa dette au cinéma et à sa grammaire. Séquences, short cuts, plans rapprochés, fondus au noir, jeux de lumière, tout l’arsenal du cinéma est convoqué pour que l’image, la légende et les textes ne fassent plus qu’un. À l’efficacité du cinéma américain répond la justesse de la mise en page du magazine. Ce style n’est pas qu’un hommage, il répond à la concurrence grandissante des médias émergents. L’âge d’or des magazines s’achève. Ce tournant, moment crucial dans l’histoire de la communication, Henri Dauman le préfigure dans son portrait prémonitoire en 1974 de Marshall Mac Luhan l’un des pères de la communication, auteur de la célèbre « galaxie Gutenberg » œuvre de chevet de tout journaliste.

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Lea Della Volta





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