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Photo du rédacteurLea Della Volta

Jean Michel Sananes : aux sources de l’antisémitisme



Jean Michel Sananes

Épigraphiste, Jean-Michel Sananes consacre depuis plusieurs années l’essentiel de sa recherche aux textes esséniens, aux propos tenus par les apôtres de Jésus. Il est parvenu à conclusion que l’accusation de déicide à l’égard des Juifs n’a aucun fondement historique.



 

C’est une confession de sa mère sur son lit de mort qui va susciter en lui un besoin irrépressible de fouiller dans les textes anciens afin de comprendre les fondements de l’antisémitisme, tel qu’il fut professé par le Christianisme. Cette dernière lui avoue avoir été violentée parce que juive.


Il découvre aussi, le parcours de sa famille à Sidi Bel Abbès, cette dernière, originaire de Tetouan, subira, au moment de l’Affaire Dreyfus, les affres de la persécution : « On a brûlé leurs magasins ». Avec des amis juifs, ils créent la société de Bienfaisance : « C’étaient des athlètes, des escrimeurs, mais en raison de leur appartenance religieuse, ils n’étaient plus tolérés dans les clubs sportifs. Ils ont même provoqué en duel Drumont », l’un des plus grands antisémites de l’histoire contemporaine.

 

Retour dans le passé

 

Il décide de sonder les écrits des anciens, les manuscrits de la Mer morte, mais aussi les Évangiles,  pour comprendre ce qui a bien pu déranger les Chrétiens dans le judaïsme : « Il y a eu d’abord une destitution du polythéisme  et puis ce ressentiment s’est transmis aux Chrétiens, avec la trahison de Juda et la mort de Jésus ». Et puis au détour d’un Livre de Luc, il tombe sur une phrase lourde de sens : «  Jésus a dit : Dites au vieux renard  (Hérode Antipas) que j’arrive dans trois jours et tout sera fini ». La phrase est lourde de sens, puisque Jésus annonce sa fin prochaine, il en déduit que Juda, le mal aimé de l’histoire n’a joué aucun rôle dans la mort de ce dernier. Ce qui prive l’antisémitisme chrétien de l’un de ses arguments antijuifs et qui se base sur la trahison du peuple juif à l’égard de Jésus.

 

Shaul un personnage trouble

Dans son ouvrage « qui a tué Jésus ?  »[1] il s’attache à démontrer que l’enseignement de Jésus, qui au demeurant n’a jamais créé la moindre religion et qui a toujours été proche du Temple, dont il était l’un des Grands Prêtres, a été sacrifié par Shaul qui s’opposait à la foi juive. Il l’affirme, « Shaul est un infiltré » et pour cela, il se fonde encore et toujours sur les textes qu’il juge contradictoires : «  Shaul a dit : Saluez ma famille, je suis de la Maison d’Aristobule », autrement dit, de la famille d’Hérode Antipas.

Jean-Michel Sananès le soupçonne de s’être converti pour pervertir l’enseignement de Jésus : « C’était un persécuteur », il assistait à la décapitation des proches de Jésus. » Il l’accuse d’avoir pris le pouvoir sur les apôtres. Ceux d’Orient le refusaient, mais pas ceux de Rome : « Si l’Orient l’avait remporté, le siège de la chrétienté aurait été Jérusalem et non Rome. On a donné le pouvoir à Rome. Cet enseignement qui préconisait l’interdiction de l’esclavage, a disparu au profit de Rome. Le chercheur ne manque pas de relever les ambigüités troublantes qui jalonnent les écrits, comme les propos de Saint-Jérôme qui demande à ce que l’on tue les dernières communautés judéo-chrétiennes, au profit du catholicisme romain qui verra dès le 5e siècle la victoire de la croix sur le poisson, symbole de Jésus.


Ne serait-ce pas la victoire des fils des ténèbres sur les fils de lumière ?

 

Thierry Gil Vidal et Lea Della Volta





[1] Qui a tué Jésus ? Le procès. Editions Chemins de Plume.

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