Des navires marchants ont été attaqués au large des côtes indiennes. Les missiles auraient été tirés du territoire iranien. Depuis quelques années, les relations entre les deux pays sont tendues et la République islamique a accusé l’Inde de traîtrise pour avoir apporté son soutien à Israël. Le 26 décembre une explosion a eu lieu à New-Delhi, près de l’Ambassade d’Israël et l’Iran est accusé d’en être l’instigateur.
Dès les premières semaines du conflit, l’Inde s’est positionnée pour Israël et sur les réseaux sociaux indiens, les soutiens ont été multiples. L’Inde a toujours des relations difficiles avec l’islam, comme en témoigne les événements qui ont ensanglanté le sous-continent indien, suite à la Partition du pays en 1949, entre hindous et musulmans. Cet antagonisme remonte à la création du mouvement Khalifat, qui était une organisation politique panislamique active sous l'Inde britannique et qui rassemblait des musulmans du sous-continent indien qui faisaient pression sur le gouvernement britannique en faveur de leurs intérêts. Il a conduit à la création du Pakistan.
Narenda Modi et son parti le Bharatiya Janata Party (BJP), au pouvoir depuis 2014, conserve une défiance à l’égard des musulmans jugés comme éléments déstabilisateurs. Après l’Iran et le Pakistan, c’est en Inde que se trouve la plus grande communauté chiite.
Les dirigeants du BJP considèrent que leur pays à l’instar d’Israël a un problème avec les populations musulmanes. « Ils estiment tous les deux qu'ils sont envahis par les musulmans et qu'ils doivent lutter contre un terrorisme transfrontalier. En Inde, le groupe islamiste Lashkar-e-Toiba, qui attaque depuis le pays voisin et ennemi, le Pakistan », comme l’a souligné, Nicolas Blarel,[1] cette organisation est d’ailleurs comparée par les autorités indiennes au Hamas.
La conquête du Cachemire
Le Lashkar-e-Toib (ou LeT) est classé par les États-Unis comme un mouvement terroriste. Il a vu le jour en 1981 dans la province du Kunar en Afghanistan. Son but premier a été de lutter contre le régime communiste qui régnait alors à Kaboul, avant de se reconvertir dans la lutte contre la présence indienne au Cachemire.
Au fil des ans, le groupe a développé des liens très étroits avec Al-Qaïda et les talibans. Dans les années 1990, il a créé des bases au Cachemire, à Lahore, dans l'est du Pakistan, pour s'engager dans « la guerre de libération » de la province, que se disputent l'Inde et le Pakistan. Pour ce faire, il a bénéficié du support logistique d'Al-Qaïda et des talibans, pour son aide en Afghanistan.
Mais ce ne sont pas ses seuls appuis, puisque le mouvement a longtemps bénéficié du soutien du Pakistan et de l'aide de l’Inter-Services Intelligence ou Isi, les Services secrets pakistanais, souvent décrits comme un État dans l’État.
En novembre 2008, l’organisation terroriste commet une série de dix attentats parmi les plus meurtriers à Mumbai (ex-Bombay).
Le bilan est lourd et fait état de 175 personnes mortellement blessées, dont au moins 26 ressortissants étrangers et 312 blessées. L’Inde y voit la main du Pakistan qui, de son côté, a fait preuve de coopération dans la recherche et l’arrestation des terroristes. Des attentats qui peuvent s’expliquer par l’intensification des relations entre l’Inde et Israël en matière de lutte contre le terrorisme.
Israël et l’Inde partenaires économiques
Dans les années 1970, l’Inde faisait partie des pays non-alignés, comme l’avait défini Nehru en 1969.
Ainsi, le pays n'a pas toujours été un allié d'Israël. En 1967 et 1973, durant les deux guerres israélo-arabes, l’Inde soutient le camp arabe, avant de devenir en 1975 le premier pays non arabe à autoriser l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à ouvrir un bureau sur son territoire.
Mais à partir des années 1990 l’Inde normalise ses relations diplomatiques avec Israël en 1992. Six ans plus tard, quand l'Inde est visée par des sanctions économiques pour ses essais nucléaires, Israël est l'un des rares pays à poursuivre ses échanges.
Narenda Modi s'est toujours présenté comme un « grand ami d'Israël » et joignant le geste à la parole, il s’est rendu en 2017 en Israël pour une visite de trois jours pour y célébrer le 25e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Le 14 janvier 2018, c’est au tour de Benjamin Netanyahu de se rendre en Inde.
Depuis une dizaine d'années, les deux alliés multiplient les échanges économiques. Le commerce bilatéral a été multiplié par deux en cinq ans, pour atteindre 10,7 milliards de dollars en 2022. Principaux secteurs concernés : l’agriculture, l’informatique, la santé et la défense. En 2021, l'Inde représentait le premier marché d'exportations militaires israéliennes avec 8,3 milliards de dollars. Parmi les équipements de pointe achetés, le système de défense antimissile Barak-8 développé par Israel Aerospace Industries.
Une collaboration qui déplaît fortement à l’Iran d’autant plus que l’Inde lui a retiré son soutien à plusieurs reprises. Une première fois en 2005, lorsque l’Inde a voté contre l'Iran à l'AIEA, et en 2018, lors des sanctions américaines ciblant l'Iran, que l'ensemble de la communauté internationale est contrainte d'appliquer. Résultat, les importations de pétrole iranien par l'Inde chutent de 40 % en une année. L'Inde a retiré ses investissements du port de Tchabahar, compromettant l'avenir commercial de celui-ci. Ces sanctions ont ouvert le marché à l'Arabie saoudite, dont les relations commerciales avec l'Inde ont doublé, passant de 14 à 28 milliards de dollars.
Avec la guerre à Gaza, l'Inde a choisi le camp israélien, encourageant même le « fact-checking Indian boom », une campagne de désinformation visant à dénigrer le camp palestinien.
Lea Della Volta
L’Inde l’un des plus grands alliés d’Israël
[1] Barel, N, The Evolution of India’s Israel Policy : Continuity, Change and Compromise Since 1922, Oxford University Press, 2015.
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