Le politologue israélien lors de son passage en Europe est revenu sur les premières heures qui ont suivi l’attaque du 7 octobre. Un moment qu’il décrit comme chaotique et incertain pour l’avenir d’Israël.
C’était le 7 octobre au matin, 6 heures 30, l’alarme du portable du téléphone portable de Stephan Zeev Goldin retentit. Il pense qu’une roquette vient de s’abattre sur le sud d’Israël. Il allume sa radio mais là, c’est la stupeur, car Galei Tsahal annonce l’impensable : la sanctuarisation a été violée par des terroristes du Hamas présents sur le territoire israélien et sèment la mort. Le vieux réflexe de l’officier au simple soldat, qui veut qu’à chaque alerte et il enfile alors son uniforme : « un quart d’heure plus tard, mon voisin qui est colonel, a tapé à ma porte, on n’avait alors aucun ordre de mission ».
Ce qui ne les empêche pas de descendre vers le sud du pays et il se retrouve près de Sde Boker, le kibboutz de David Ben Gourion, où ils récupèrent un ami réserviste, comme eux. Et toujours pas d’ordre de mission.
L’indicible, l’indescriptible
Ce sont des scènes de chaos qui attendent les trois officiers, Stephan Zeev Goldin en parle non sans un pincement au cœur : « J’ai vu des choses indescriptibles, j’ai vomi, j’ai pleuré. Moi qui suis issu d’une famille qui a vécu la Shoah, je pensais que l’horreur était derrière nous. Mais non ! ».
Cette odeur de corps calcinés, durera longtemps : « j’ai pensé que c’était imprégné dans mes vêtements, mais non, c’était dans ma tête ».
En passant près d’un buisson, un frémissement, les alerte : « c’étaient deux petits jeunes, épouvantés qui venaient d’échapper à la tuerie du festival Nova ». Un peu plus loin, un autre frémissement, mais cette fois, ce sont des terroristes du Hamas qui se cachent.
Entre temps l’ordre de mission est arrivé et ce sont les généraux de brigades qui prennent les choses en main : « il n’y avait aucun avion israélien dans le ciel. Nous venions de recevoir un coup de massue et manifestement personne au gouvernement ne s’y attendait. »
Outre les victimes, trop nombreuses, bien vite, c’est la question des otages qui se pose, le chiffre s’élève alors à 240 personnes détenues par le Hamas, mais pas uniquement, puisque des Gazaouis, ont pénétré en territoire israélien pour y prendre des esclaves.
Une solution à deux États ?
Il a confiance en la résilience du peuple juif et des Israéliens : « Israël se relèvera de cette épreuve qui nous a tous meurtris au plus profond de nous, rappelant les pires moments de l’histoire la plus sombre des juifs en Europe ».
Stephan Zeev Goldin est un spécialiste de l’Iran et il est conscient que la République islamique est bien derrière les attaques du 7 octobre : « tous les matins au réveil, je me branche sur les médias iraniens. Je sais que le 4 octobre, le ministre des Affaires étrangères iranien a organisé une réunion avec les membres du Hamas et tout porte à croire qu’il a donné son accord à l’attaque qui devait avoir lieu quelques jours plus tard ».
Une attaque prévisible si l’on en croit certaines tatzpitaniyot* qui avaient pour mission de surveiller la frontière avec Gaza : « comme beaucoup d’Israéliens, je ne m’explique pas cette faille du renseignement, mais une chose est désormais certaine, il y aura un après et une commission d’enquête devra déterminer les failles et les responsabilités de chacun. »
Si Hanyeh a le Qatar derrière lui, Sinouar est bien le « candidat-choisi » de la République islamique qui a fourni le soutien logistique à la brigade Nukhba, à l’origine de l’attaque.
Stephan Zeev Goldin ne voit pas d’avenir pour une solution à deux États : « Négocier avec qui ? ». 64 % des Arabes de Judée Samarie sont en phase avec les thèses du Hamas.
En 2005, le Hamas a été porté à la tête de l’État palestinien à Gaza et ont reçu 500 millions de dollars de la part de ses alliés, un argent qui aurait pu servir à construire des villes ultra modernes, et assurer le bien-être de ses habitants. Ces 500 millions de dollars ont servi à la construction des tunnels. La question demeure, Israël peut-il concevoir d’avoir des ennemis à sa porte ? et la puissance d’une nation résolument hostile, l’Iran ?
Lea Della Volta
*Tatzpitaniyot ou en hébreu ‘תצפיתניות’ : soldate de surveillance de Tsahal
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