C’était un discours très attendu car il a fait suite à la frappe israélienne qui a permis l’élimination de l’un des commandants des brigades Ezzedin el Qassam, dans le quartier occupé par le Hezbollah. Un discours qui a déçu les attentes de la presse internationale, mais qui révèle en creux les objectifs iraniens.
Il y a des mots d’apparence anodine qui sont en réalité très révélateurs d’une volonté de détourner l’attention pour frapper fort au moment opportun. Et celui-ci n’est pas encore arrivé pour le Hezbollah et son mentor, l’Iran.
Hassan Nasrallah, a prononcé une phrase importante dans son discours du mercredi 3 janvier : « Le Hezbollah combattra sans retenue si Israël déclarait la guerre au Liban. » D’aucuns y verront la traditionnelle rhétorique belliqueuse du Hezbollah et l’Iran qui après la mort de Soleïmani promettait à l’Amérique une riposte sanglante.
Le « si » a toute son importance, dans la phrase. D'une part, il confirme que le Liban a bel et bien perdu sa souveraineté au profit du Hezbollah, donc de l’Iran. Mais en creux, il exprime une crainte d’être entraîné malgré lui dans une guerre contre Israël, avant la date fixée par son mentor iranien.
Le Hezbollah joue donc la montre et ne souhaite pas pour l’heure, à la demande de l’Iran, rentrer dans un conflit ouvert avec Israël et l’Amérique. Les deux doivent recevoir de la Russie, un système de défense anti-aérienne.
Un discours qui en dit long sur la stratégie iranienne
Il y a quelques jours suite aux ripostes américaines en Mer rouge, l’Iran a envoyé son navire amiral l’Alborz, pour y faire quoi ?
Les Américains, suite à l’attaque par les Houthis d’un navire danois Maersk, a coulé trois navires des Houthis, Dix terroristes Houthis ont été tués dans cette frappe et l’une de leurs embarcations a réussi à regagner le port d’Hudaydah au Yémen.
L’incident a suffisamment alerté Téhéran au point d’envoyer dans la zone l’Alborz. Ses craintes étant une escalade provoquée par cette attaque des Houthis, qui aurait entraîné des frappes américaines ou occidentales sur les ports du Yémen. Sa présence était destinée à calmer le jeu et non à affronter les forces de la coalition.
Le discours de Nasrallah s’inscrit dans la même optique : « calmer le jeu » à la demande de l’Iran. Et le « si » n’est autre qu’un biais cognitif qui vise à endormir la vigilance des Occidentaux, à nier ou minimiser les avertissements relatifs à un danger. Et celui-ci est réel.
Ce faisant, Nasrallah fait « profil bas » et pense banaliser son rôle et celui de l’Iran, en prouvant à la face du monde qu’ils ne sont pas les agresseurs, mais qu’ils pourraient dans l’éventualité d’une escalade voulue par Israël, être amenés à riposter.
Bien évidemment cette stratégie n’a échappé à personne, car le danger vient bien de Téhéran et de la réactivation de son programme nucléaire.
Lea Della Volta
Le discours de Nasrallah : attention danger
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