C’est un coup de tonnerre qui vient de retentir dans le ciel de Doha, où le Hamas qui était l’hôte du Qatar vient d’être sommé de quitter le territoire de ce petit pays du Golfe.
La raison invoquée est l’absence de sécurité de ses membres qui ne peut plus être assurée par les autorités.
Doha a accueilli depuis 2021 Ismail Hanyeh, le chef du bureau politique du mouvement islamiste, mais aussi les cadres du groupe terroriste. Un “jeu trouble” du petit émirat, certes fréquemment dénoncé pour qualifier la politique étrangère de ce petit État, mais qui offre la particularité de discuter avec tous.
Les liens du Qatar avec le Hamas ont été politiques, mais aussi financiers. Le 27 avril 2011, le Fatah et le Hamas, qui ont des relations des plus houleuses, concluent un accord de réconciliation en vue des élections générales prévues dans l'année. Toutefois, cet accord comme les précédents n’aura pas d’issue concrète. Un protocole signé en mai 2011 au Caire, prévoit la formation d'un gouvernement transitoire d'indépendants pour préparer les élections.
Mais le Hamas a rejeté le Premier ministre désigné par Mahmoud Abbas. Afin de résoudre le conflit, le président palestinien a proposé en février 2012 à Doha d'occuper aussi cette fonction de médiateur.
Cette proposition a été acceptée par Khaled Mechaal , mais elle a été refusée par une partie des dirigeants islamistes de Gaza qui sont en désaccord avec la stratégie de Mechaal, dirigeant du Hamas en exil à Damas. Ils lui reprochent de s'être prononcé « pour un État palestinien à côté, et non à la place d'Israël, et de préférer désormais la résistance populaire pacifique à la lutte armée ». En réaction, Ismail Hanyeh fait une déclaration à Téhéran, annonçant que le Hamas ne reconnaîtra jamais Israël.
Pour ces raisons et d’autres plus géopolitiques, Doha, en plus d'héberger la branche politique du Hamas et certains dirigeants de premier plan, était le négociateur tout désigné sur la question des otages israéliens ces derniers jours.
La spécificité de la diplomatie qatarie réside ainsi dans sa capacité à entretenir une double relation avec le Hamas et avec le gouvernement israélien. En 1996 déjà, il y a un début de relation commerciale et économique entre les deux pays. Les relations n’ont certes pas toujours été apaisées entre le Qatar et Benjamin Netanyahu, mais elles ont été maintenues.
Tout écart diplomatique a ses limites
Mais ces relations distendues entre le Qatar et le chef du gouvernement israélien n’auront pas empêché l’émirat d’être au centre des négociations de cessez-le-feu pour permettre la libération des otages captifs du Hamas, contre la libération des terroristes retenus dans les geôles israéliennes.
Mais la diplomatie du « grand écart » n’était plus tenable pour Doha qui n’aurait pu en outre, assurer la protection des chefs du Hamas et aurait perdu de facto son statut de « neutralité ». D’ores et déjà, Ismail Haniyeh, Moussa Abu Marzouk, figure tutélaire du groupe terroriste et Khaled Maachal ont quitté Doha, la capitale qatari avec leurs conseillers politiques, leurs gardes du corps et leurs proches. Pour quelles destinations ? On évoque l’Algérie, qui ne mentionne Israël que sous le nom d’entité sioniste, l’Iran ? Voire la Turquie.
Si officiellement, le motif sécuritaire est celui qui a été invoqué, il est clair que le Qatar, bien que n’ayant pas pris part aux Accords d’Abraham, tient à maintenir ses liens avec Israël. Tout comme, les pays arabes y compris du Golfe, dont aucun n’a rompu ses relations avec Israël et dénoncé les Accords d’Abraham et qui attendent vraisemblablement que l’État hébreu fasse « le ménage » et les débarrasse du Hamas.
Le Qatar a donc choisi son camp, celui de l’Occident, contre la Russie, l’Iran, le Hamas et l’Algérie. Car le pays est arrivé au bout d’un processus à un moment où il fallait se positionner. C’est donc chose faite.
Un commando créé spécialement pour liquider les leaders du Hamas
Le Qatar ne veut pas entreprendre une action militaire pour protéger le Hamas, car il sait que le grand ordonnancement est en marche.
En 1972, les Jeux olympiques de Munich furent endeuillés par l’assassinat des athlètes israéliennes, massacrés par un commando de septembre noir. L’opération « Colère de D.ieu » s’est étalée sur 20 ans, et tous les responsables furent éliminés. Il en sera de même pour les responsables du massacre du 7 octobre 2023 Ronen Bar, le chef du Shin Beth a annoncé « nous irons les chercher partout où ils se trouvent ».
Une brigade spéciale qui porte le nom « d’opération Nili » vient d’être créée pour traquer ces terroristes, elle a été placée sous le double commandement du Shin Beth et du Mossad. Dès lors, la phase d’identification des cibles est achevée.
La connaissance de l’existence de cette brigade par Doha a sans doute motivé le Qatar à se
débarrasser d’un hôte devenu trop encombrant.
Lea Della Volta
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