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Les fermes de Chebaa, le prétexte du Hezbollah


chebaa
Le Hezbollah s’est saisi de la présence israélienne dans la zone de Chebaa, pour harceler Tsahal et lancer des roquettes sur le nord d’Israël. Mais les fermes de Chebaa appartiennent à la Syrie qui a perdu la guerre en 1967 contre Israël.

 



C’est une zone située au sud du village libanais de Chebaa, sur les pentes ouest du Mont Hermon, au point où les trois frontières, syrienne, libanaise et israélienne se rejoignent. Il s’agit d’un endroit hautement stratégique et un château d'eau important pour la région.

Depuis plusieurs années, il existe un contentieux entre le Liban et Israël au sujet des fermes de Chebaa occupées par Israël.


La dispute sur la « violation de la souveraineté » résulte de l’absence de frontières dans cette partie du Moyen-Orient, anciennement sous domination ottomane, pour qui il n’y avait aucun État, mais des provinces.


 L’administration française qui exerçait un mandat sur la Syrie et le Liban n’avait aucune raison d’établir des frontières dans une zone qu’elle administrait sur le modèle ottoman avec curieusement une tendance à reconstituer l’espace selon le principe ottoman du millet qui était essentiellement confessionnel.


Ainsi, le territoire syrien sera partagé en État des Alaouites, avec pour capitale Lattaquié, l’État d’Alep, l’État de Damas et l’État des Druzes, ayant pour chef-lieu Soueida. Puis, en 1924, Alep et Damas sont réunis. En 1939, la France cède le territoire stratégique de Sandjak d’Alexandrette à la Turquie. Le Liban et la Syrie sont dotés d’institutions politiques propres et le transfert des compétences mandataires aux futurs pays s’effectue graduellement entre 1943 et 1946, date du départ des troupes françaises.


Les cartes géographiques de cette époque présentent la zone de Chebaa comme faisant partie intégrante de la province de Syrie.


Depuis la guerre des six jours, Israël occupe le Golan et cette région, car la Syrie a fait partie des puissances arabes qui ont déclaré la guerre à Israël.


En 2000, en accord avec la résolution 425 de 1978, du conseil de sécurité des Nations unies, Israël a évacué le Sud-Liban. Les Nations unies certifient le retrait complet de tous les territoires libanais, sans jamais mentionner les fermes de Chebaa, puisque ces dernières ne font pas partie du Liban.

 

Le cadastre ottoman ne délimite pas de frontières

 

Pendant l’époque des Tanzimat (1839-1876) qui est une période de réformes qui s’étale sur plus de quarante ans, l’empire ottoman règne sur tout le Moyen-Orient. Il va, sur le modèle occidental, promulguer en 1858 un Code de propriété foncière et imposer un cadastre.


Certaines sources suggèrent que le cadastrage du Liban aurait  commencé en 1862 ou 1864. Il n’a pas été réalisé pour des raisons foncières mais pour des raisons fiscales et ce n’était pas la limitation des propriétés qui était recherchée mais leur distribution afin de pouvoir assurer la collecte des impôts.


Pour le sud de la Syrie, l’opération d’enregistrement a débuté en 1876. Avec ces opérations cadastrales précises et la remise de titre adéquat. Istanbul pouvait collecter les impôts, car les caisses de l’État devaient être renflouées.


Le Cadastre (Defter-i Hakani) puis le ministère du cadastre (Defter-i Hakânî Nezareti) en 1871, chapeautaient l’ensemble, par l’enregistrement de chaque parcelle quel que soit le statut. Tout bien, habitation, magasin, puits, parcelle était enregistré au nom des propriétaires sur les daftar-s al-amlāk (registres des propriétés) ou des possesseurs sur les daftar-s al-arāḍī (registres des terres) par les employés du cadastre, village par village. Désormais la possession sans titre était interdite.


Dès 1874, on assiste dès lors, dans toute la Méditerranée orientale à un enregistrement systématique des propriétés urbaines dans les principales villes portuaires : Smyrne, Beyrouth, Salonique, et Istanbul, ou dans certains quartiers des villes à des fins précises, puisque la période des Tanzimat est une période d’ouverture et de modernisation, à la fois administrative, mais en infrastructures, comme pour la construction d’un port, le réaménagement après un incendie, ou l’aménagement de zones nouvellement habitées. Quant aux fermes de Chebaa, aucune mention n’est faite.


 Dès les années 1920, la Syrie a bloqué toutes les opérations cadastrales car elle revendiquait le Liban. Toutes les localités du Mont Liban, ne sont reconnues que dans les années 1930. Ce sont les Français qui exerçant leur mandat sur les deux États, ont tracé d'autorité leurs contours.


La région de Chebaa est représentée par le mandat français comme un territoire syrien, sur des cartes de 1933 jusqu'à 1945. En 1946, à la fin du mandat, le territoire est administré par la Syrie et représenté comme tel sur les cartes. En 1964, le Liban et la Syrie ne parviennent pas à démarquer une frontière commune et le territoire d'être Syrien.

 

Les fermes de Chebaa et l’annexion du Golan

 

Le Liban n’a pas pris part à la guerre des six jours, par conséquent Israël n’avait aucune raison de prendre possession d’un territoire qui aurait appartenu au Liban. En revanche, la Syrie faisait partie des belligérants défaits par Tsahal. Donc, Israël a pris l’ouest du Golan en dédommagement de guerre, un versant du plateau qui a été officiellement annexé en 1981, incluant les fermes de Chebaa, une décision seulement reconnue par les Ėtats-Unis.


La confusion provient d'Hafez el Assad, quelques mois avant sa disparition en juin 2000 quand il fut évident qu’Israël s’apprêtait à quitter le sud du Liban, ce dernier a déclaré que la zone de Chebaa n’appartenait pas à la Syrie, mais bien au Liban, afin de justifier la présence du Hezbollah dans cette zone. En effet, Israël se retirant du Liban, la présence du Hezbollah, en tant que force armée, n’aurait pu être justifiée in situ, y compris aux yeux de la population libanaise. Pour Hafez el Assad, le Hezbollah était un proxy dans sa guerre contre Israël. Il fallait légitimer sa présence dans cette zone.


Le Hezbollah se sert de la Résolution 425 qui demande le retrait d’Israël du Liban, pour justifier sa présence au sud Liban, arguant du non-retrait d’Israël du Liban, puisqu’il prétend que les fermes de Chebaa sont partie intégrante du Liban.

 

Lea Della Volta




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