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Partie d'échecs, les campus défient l'Occident


UCLA

Depuis le mois d’octobre, on assiste à une levée de boucliers dans les universités américaines et dans les IEP hexagonaux, contre l’intervention de Tsahal à Gaza consécutive au massacre du 7 octobre et à la prise d’otages. Mais quels sont les enjeux réels de ces manifestations qui s’emparent du monde estudiantin ?

 

Le déchainement dans les universités américaines a atteint un paroxysme avec la contagion du mouvement à toutes les universités. Mais il ne s’agit pas de n’importe lesquelles, mais des plus prestigieuses qui forment l’élite de la nation de la première puissance mondiale.

La France qui a emboité le pas aux universités américaines, voit le mouvement se propager à tous les IEP de France. Une contagion qui n’est pas le fruit du hasard, mais qui a été mûrement pensée et organisée.

 

Un mouvement contre les juifs et l’Occident

 

Le monde est en fusion depuis la guerre en Ukraine et ce que l’on qualifie de Sud global a déclaré la guerre à l’Occident et à ses valeurs humanistes dont il n’est désormais plus question. Au lendemain du massacre du 7 octobre, les affiches montrant le portrait des otages avaient été arrachées par des membres de la communauté étudiante américaine. Il était évident que l’attaque du Hamas sonnait le début de l’hallali contre Israël, plus question de s’apitoyer contre les victimes juives et israéliennes, comme si la Shoah et la dénonciation de l’horreur appartenait à un autre monde et qu’il fallait en tourner la page. Il n’était plus question d’accorder aux juifs le droit d’être à nouveau des victimes. La preuve étant l’usurpation du terme génocide et son utilisation inconsidérée, visant à banaliser ce que fut le génocide de 6 millions de personnes dans l’Europe du 20e siècle.

Depuis la crispation est montée en intensité avec l’occupation des universités et l’intervention en Amérique du nord de la Garde nationale pour les y déloger.

 

Pour Gaza ou pour le Hamas ?  

 

L’étude des mots, des slogans permet de ne pas se tromper sur les intentions des uns et des autres. Depuis le début, le mouvement slalome, d’abord en faveur de la cause palestinienne, mais cela ne reste que des mots. Car il a paradoxalement approuvé l’action du Hamas qu’il a présenté comme la conséquence de la « politique de colonisation de la Cisjordanie » et l’obstacle fait à la création d’un Etat palestinien, par le gouvernement Netanyahu.

Sauf que, Hamas et État palestinien est un binôme improbable et la raison en est simple, dès sa prise de pouvoir à Gaza, le Hamas s’en est pris physiquement aux membres du Fatah, qui eux étaient favorables à la solution à deux États.  

Depuis 2006, le Hamas et le Fatah  se livrent à une guerre fratricide sans merci et très peu d’informations ont filtrés sur ces massacres internes aux Palestiniens. [1]

 

« Cessez-le-feu à Gaza »

Si l’on peut admettre qu’une guerre et la victime collatérale peut susciter l’émotion dans l’opinion internationale, on s’étonne que ces mêmes  étudiants ne soient pas descendus dans la rue plus tôt, pour dénoncer les massacres de Bachar el Assad contre les Palestiniens tués sous la torture par son régime.[2] Pour paraphraser Georges Orwell, « Toutes les victimes sont égales, mais certaines victimes sont plus égales que d’autres » ? Une indignation sélective maintes fois dénoncée dans les médias.

Si l’on peut admettre la dite émotion, comment accepter que des étudiants n’aient pas la curiosité intellectuelle de comprendre la portée des slogans scandés ? « De la rivière à la mer », qui est un appel au meurtre de civils israéliens, n’a pas été perçu par beaucoup comme une volonté de détruire l’Etat d’Israël et de massacrer ses habitants et nombreux furent ceux qui n’arrivaient pas à mettre un nom sur le fleuve en question, autant que sur la mer à l’opposé. Tout comme ces étudiants qui ignoraient le symbole des « mains rouges » devenu un symbole de la lutte contre Israël et qui remonte à l’année 2002, date à laquelle deux recrues de Tsahal furent éviscérées et dont leur assassin est apparu à la fenêtre exhibant triomphalement ses mains maculées du sang de ses victimes. Mais derrière d’honnêtes étudiants émus par le sort d’enfants sous les bombes, il y a des gens qui réfléchissent, qui structurent et orientent le mouvement à leur guise, se servant de la candeur de certains manifestants peu au courant que le fleuve est le Jourdain et la mer, la mer Méditerranée.

Mais quelles sont les revendications des manifestants en Amérique, ils se résument en  « cessez-le-feu à Gaza », « arrêt de l’aide militaire américaine à Israël » et « suppression des activités de partenariat entre les universités américaines et israéliennes ». Nulle part, il est question des habitants de Gaza. Et les revendications ressemblent étrangement aux slogans de BDS.


« Des éléments infiltrés »

Gene Block chancelier de l’Université de Californie a pointé l’extrême porosité des campus américains et a déclaré être informé de l’infiltration d’éléments extérieurs à ces manifestations, comme en témoignent les slogans pro Hamas et les demandes contre l’arrêt de tout lien avec les universités israéliennes. Une manière de se servir de l’indignation pour obtenir un résultat  sur le terrain en faveur du groupe terroriste.

Si l’avenir de l’Europe se joue en Ukraine, il y a fort à parier que l’avenir de l’Occident se joue sur les campus des capitales européennes. La haine envers les juifs est politique et cache celle de l’Occident. La guerre hybride, que mènent certains États, a des prolongements dans les pays occidentaux. L’Iran n’a jamais oublié les étudiants iraniens qui portèrent un coup fatal au pouvoir du Shah, car s’en prendre à cette population est un piège pour les démocraties. Un étudiant tué au cours d’une manifestation peut déclencher une révolte contre le pouvoir et le balayer comme un fétu de paille. Pour les joueurs d’échecs qui poussent leurs pions sur l’échiquier, il faut  donc passer de l’affaiblissement des pouvoirs occidentaux pour obtenir leur discrédit définitif. Le pouvoir américain ne s’y est pas trompé en faisant évacuer les camps et en arrêtant certains meneurs.

 

Lea Della Volta

 



 

 

Partie d'échecs, les campus défient l' l'Occident

[1] Assassinat, enlèvement, les attaques contre le Fatah se multiplient à Gaza, In : Le Monde, 2006.

[2] Kako, A, Colakoglu, A, Syrie : 548 palestiniens tués sous la torture  par le régime,  In : Anadolu Ajansi, 2019.

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1 Comment

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Guest
May 06
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très bon article. En effet, ces jeunes ne manifestent pas pour la paix au Yémen ou au Soudan.... Ils ne disent rien non plus quand des palestiniens sont tués en Syrie lors des bombardements fait par la Russie pour soutenir le dictateur Bachar el Assad!

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